Troubles Neurologiques Fonctionnels (TNF) et Syndrome d’Ehlers
Danlos (SED)
Dominique Parain MD PhD
L’interrogatoire et l’examen clinique des patients avec TNF permettent très
souvent (environ 3 patients sur 5 et encore plus fréquemment dans la
fibromyalgie) de mettre en évidence des éléments en faveur une fragilité
constitutionnelle du tissu conjonctif que nous allons détailler par la suite et
qui caractérisent le SED « hypermobile ». ou, selon la classification
internationale de New York (2017), les troubles du spectre de l’hypermobilité (HSD
pour Hypermobile Spectrum Disorders). Les capteurs proprioceptifs présents
dans ce tissu conjonctif fragilisé dysfonctionnent. Ces capteurs renseignent en
permanence le cerveau sur l’état du corps. Pour cette raison, le cerveau est mal
et insuffisamment renseigné et stimulé. En retour, cela crée des tensions
musculaires, de la douleur et des troubles du contrôle de nombreux organes
(commande motrice, colopathie fonctionnelle, troubles vésicaux, de la
vasomotricité, etc..). Ce manque de stimulation cérébrale est aussi probablement
à l’origine de la fatigue qui est présente chez tous ces patients et des
troubles cognitifs associés (mémoire de travail, attention, difficulté à trouver
ses mots etc.) par une possible déconnexion cérébrale secondaire. On conçoit,
chez ces patients, l’intérêt de réactiver les capteurs proprioceptifs
périphériques par stimulation magnétique périphérique et d’agir sur la
connectivité cérébrale par stimulation magnétique cérébrale transcranienne large champ.
Le SED est surtout connu par ses formes rares, cutanée (avec un cutis laxa) et vasculaire (avec son risque hémorragique anévrysmal). Mais il existerait
une forme très fréquente (peut être un million de personnes en France), dite « hypermobile »
(SED + HSD) et dont beaucoup de symptômes caractérisant cette affection
se superposent à ceux des patients ayant un TNF.
Ce SED hypermobile, tel qu’il est décrit dans
le site du Pr claude Hamonet, qui a été le premier à colliger plusieurs milliers de patients atteints, regroupe des manifestations cliniques
très diverses qui seraient en rapport avec une atteinte du tissu conjonctif et plus spécifiquement du collagène que l’on retrouve dans de très nombreux
organes. La manifestation la plus fréquente est l’hyperlaxité articulaire (qui peut se voir chez des personnes, par ailleurs, bien portantes et qui souvent
disparaît avec l’âge). C’est son association avec d’autres signes cliniques qui permet un diagnostic de SED hypermobile relativement facilement à condition
d’y penser. En premier il existe une fatigue importante mais aussi des douleurs diffuses qui ressemblent à un tableau de fibromyalgie,
parfois des entorses ou des luxations. Il existe fragilité cutanée et des petits
vaisseaux entraînant des ecchymoses sous cutanées parfois spontanées. Ces
patients présentent des troubles moteurs à type de paralysie ou dystonie
transitoires ou prolongés, des troubles proprioceptifs et du schéma corporel
(par ex. le signe de la porte car les patients se cognent souvent en entrant ou
en sortant d’une salle.) qui seraient en rapport avec un dysfonctionnement des
capteurs proprioceptifs situés dans un tissu conjonctif défaillant. Le cerveau
ne recevrait pas les bonnes informations proprioceptives et en retour
provoquerait un trouble de la commande, des raideurs ou de la dystonie, des
douleurs, une fatigue intense, etc... Il peut exister des manifestations
respiratoires à type de blocage réalisant un pseudo asthme liées à une raideur des muscles de la cage thoracique, des manifestations O.R.L. à type d’acouphènes, hyperacousie, des manifestations visuelles (myopie et fatigue visuelle), des troubles dysautonomiques
(accès de frilosité, de sueurs abondantes, phénomène de pseudo-Raynaud), des
troubles digestifs à type de constipation, diarrhée. Il existe souvent des
troubles cognitifs importants à type de trouble de la mémoire, de la
concentration, une difficulté à trouver les mots.
Un questionnaire peut être utilisé avant la première consultation. Il n‘y a pas anomalie
génétique identifiée même s’il existe une prédisposition génétique importante, souvent sur plusieurs générations, avec une forte prépondérance féminine.
Le diagnostic est purement clinique sur un ensemble de symptômes.
Un certain nombre de ces symptômes sont décrits comme « associés » à la
fibromyalgie dans le rapport de l’HAS sur cette affection de 2010, mais le lien
avec le SED hypermobile n’est pas reconnu.
J'ai fait le diagnostic de SED hypermobile ou HSD chez la très grande majorité
de patients venus consulter pour un trouble fonctionnel neurologique, surtout chez les patients avec paralysie ou fibromyalgie,
mais également des patients avec crises non épileptiques. Les symptômes sont décrits comme uniquement
d’origine périphérique d’après les auteurs du SED hypermobile, mais il existe plusieurs arguments pour un dysfonctionnement cérébrale associé probablement par trouble de la
connectivité secondaire au manque de stimulation cérébral d’origine
proprioceptive : L’apparition souvent brutale des déficits sensitivo-moteurs, leur répartition
fréquemment unilatérale comme dans une hémiplégie, les troubles
cognitifs, l’existence de malaises qui peuvent ressembler à des crises non épileptiques (on voit fréquemment la séquence d’un malaise avec perte de
connaissance suivie d’une hémiparésie prolongée). Le déclanchement ou
l’aggravation des symptômes par des stimuli physiques ou émotionnels quelquefois
subtils sont également des arguments pour l’implication cérébrale dans la genèse
de ces troubles. La fragilité de la connectivité intracérébrale de ces patients
favorise cette sensibilité aux stimuli. Il existe manifestement une
interaction entre système nerveux central et capteurs proprioceptifs
périphériques. La stimulation centrale améliore chez une grande proportion de malades, au moins transitoirement, certains
symptômes cérébraux, comme les troubles cognitifs et la fatigue visuelle et la stimulation périphérique, qui agirait en stimulant les récepteurs proprioceptifs
périphériques défectueux, améliore souvent les douleurs, les troubles sensitivi-moteurs et la respiration (en stimulant les muscles respiratoires thoraciques).
On pourrait faire l’hypothèse qu’un trouble somatique à type d’altération génétique du
tissus conjonctif serait un facteur prédisposant pour des troubles neurologiques
fonctionnels. La stimulation magnétique périphérique (souvent par des bouffées
répétées de 20 chocs à 25 HZ) stimuleraient les capteurs proprioceptifs hypoactifs entraînant un meilleur contrôle neurologique en retour et la
stimulation magnétique large champ centrale agirait sur les déconnections
induites par le manque de stimulation cérébrale d’origine proprioceptive. Ce type de traitement est complémentaire aux autres
traitements habituellement proposés (oxygénothérapie, vêtements de compression, etc). Chez tous les patients
l’effet de la stimulation est transitoire et doit être répétée régulièrement à des intervalles de temps variables
(souvent 2 mois) et la qualité de vie de ces patients s’en trouve souvent très
améliorée. Je vais donner ci-dessous plusieurs exemples de patients qui ont bien
réagit à la ayant bénéficié d’une stimulation magnétique transcrânienne et
périphérique.
TNF et SED - Patient 1
Dominique Parain MD PhD
Historique
Cette jeune fille de 17 ans présente des douleurs multiples depuis environ 5
ans. Après un match de handball, il y a 2 ans, elle va présenter une paralysie
de bras gauche qui va se compliquer 6 mois après d’une luxation de l’épaule pour
laquelle une chirurgie sera effectuée. Plusieurs mois après, la paralysie du
bras gauche va régresser. Mais, il y a 5 mois, elle va présenter brutalement un
trouble de la marche après une randonnée prolongée à type de valgus au niveau du
genou gauche (vidéo1).
Vidéo 1
Description clinique
Elle a une hyperlaxité et des hématomes sous-cutanés faciles qui, associée aux
troubles moteurs, permettent de poser le diagnostic de SED hypermobile.
Stimulations magnétique et évolution
Quatre heures après la stimulation centrale et périphérique surtout au niveau
des genoux, la marche va se normaliser mais avec une rechute bilatérale
qui surviendra 1 mois après (vidéo2). Une nouvelle séance de stimulation entraînera
une normalisation immédiate (vidéo3) sans rechute après 3 mois.
Vidéo 2
Vidéo 3
Commentaires
On peut faire l’hypothèse que la stimulation des capteurs proprioceptifs
principalement au
niveau des ligaments interne des genoux ait pu contrôler la situation.
TNF et SED - Patient 2
Dominique Parain MD PhD
Historique
Patiente de 14 ans qui a eu de nombreuses entorses surtout de cheville et qui
présente une hyperlaxité, des douleurs dans le dos et des hématomes sous-cutanés
faciles. Le diagnostic de SED est certain. Elle a fait des crises non
épileptiques il y a 6 mois avec état de fatigue intense et céphalées. Depuis 3
mois, Elle fait des épisodes de paralysie avec troubles sensitifs surtout
proprioceptifs d’une ou 2 jambes, durant 8 à 10 jours, à raison
d’environ 2 épisodes par mois. Elle a des hématomes sous cutanés fréquents, des
douleurs dans le dos et des gênes respiratoires intermittentes à type de
pseudo-asthme. La mère est suivie pour polyarthrite rhumatoïde avec un
traitement lourd. En fait, elle a un tableau de fibromyalgie avec de nombreux
symptômes de SED qui seront très améliorés par la stimulation. Les traitements
de la polyarthrite ont pu être arrêtés.
Description clinique
Je la vois pour la première fois pour un épisode de déficit sensitivo-moteur
total de la jambe droite apparue quelques jours auparavant (vidéo4).
Vidéo 4
Stimulations magnétique et évolution
Les vidéos 5 et 6 montrent l’importance du trouble proprioceptif et comment avec
la stimulation magnétique périphérique avec une intensité et une fréquence
élevée, on commence à récupérer un peu de sensibilité. Elle remarchera
normalement le lendemain. Un mois après, elle fera un nouvel épisode identique
qui va être récupéré immédiatement par la stimulation périphérique (vidéos 7,
8, 9, et 10). Depuis 6 mois, elle n’a pas refait de déficits sensitivo-moteurs
et elle est très améliorée au niveau de la fatigue, des douleurs et de la
respiration.
Vidéo 5
Vidéo 6
Vidéo 7
Vidéo 8
Vidéo 9
Vidéo 10
Commentaires
Le diagnostic de SED est certain, cliniquement chez cette jeune patiente,
d’autant que la mère a la même affection. Certains patients avec déficit
sensitivo-moteurs et SED ne réagissent pas à ce type de stimulation magnétique,
mais une grande majorité vont être améliorée au moins transitoirement sur au
moins un mois mais très souvent plus. Les douleurs diffuses, les gênes
respiratoires sont également améliorés par la stimulation.
TNF et SED - Patient 3
Dominique Parain MD PhD
Historique
Cette patiente de 36 ans a présenté un retard du développement avec un retard de
la marche (acquise à l’âge de 6 ans) et du langage. Elle a eu une scolarité dans
un centre spécialisé, mais elle avait une autonomie pour les actes essentiels de
la vie. A l’âge de 26 ans, elle va perdre de façon rapidement progressive la
marche et la motricité en générale. Elle va se déplacer en chaise roulante.
Toutes les investigations resteront normales. Une stimulation magnétique trans-cranienne
large champ sera pratiquée qui améliorera en partie la situation pendant
quelques mois. Trois ans après, elle va faire une rechute qui motive la
consultation.
Description clinique
Lors de la consultation, elle montre une grande gêne à lever et à étendre les
bras ainsi qu’à marcher avec des cannes, essentiellement à cause d’une raideur
diffuse (vidéo 11). Elle montre cependant une hyperlaxité ligamentaire, des
hématomes sous-cutanés et des douleurs diffuses permettant de poser un
diagnostic de SED.
Vidéo 11
Stimulations magnétique et évolution
Une stimulation magnétique centrale et périphérique est pratiquée qui va
entrainer une amélioration partielle immédiate qui va s’accentuer après une
deuxième séance quinze jours après (video 12).
Vidéo 12
Commentaires
Cette patiente présente un tableau de SED sur retard du développement
psychomoteur de cause inconnu. Malgré cela la stimulation magnétique a eu un
effet important à 2 reprises.
TNF et SED - Patient 4
Dominique Parain MD PhD
Historique
Cette patiente présente une fibromyalgie avec de nombreux symptômes de SED
(vidéo 13). Elle sera améliorée par la stimulation centrale et périphérique
(vidéo 14). Il existe chez cette patiente une difficulté à ouvrir les mâchoires
par raideur des masséters (vidéo 15), également améliorée par la stimulation
périphérique (vidéo 16).
Vidéo 13
Vidéo 14
Vidéo 15
Vidéo 16
TNF et SED - Patient 5
Dominique Parain MD PhD
Historique
Cette patiente de 60 ans présente une fibromyalgie avec de nombreux signes de
SED dont une Hypermobilité importante (images 17, 18, 19). Elle présente
également une difficulté à ouvrir la bouche (vidéo 20) améliorée par la
stimulation (vidéo 21).
Image 17
Image 18
Image 19
Vidéo 20
Vidéo 21
TNF et SED - Patient 6
Dominique Parain MD PhD
Historique
Patiente avec fibromyalgie dans le cadre d’un SED présentant également une
difficulté à ouvrir la bouche (vidéo 22) améliorée par la stimulation (vidéo
23).
Vidéo 22
Vidéo 23
Fibromyalgie dans le cas d'un SED - Patient 7
Dominique Parain MD PhD
Historique
Cette patiente de 44 ans, qui faisait auparavant beaucoup d’athlétisme et de
danse avec souplesse, a présenté des symptômes de fibromyalgie depuis deux ans,
sans facteur déclenchant évident avec raideur au niveau des mains, des épaules, du cou, des hanches et du
dos, très invalidants. La douleur moyenne quotidienne était environ à 7 avant
les premières séances de stimulation. Depuis, le début de la fibromyalgie elle se sent fatiguée, avec une colopathie fonctionnelle
et de nombreux symptômes en faveur d’un SED.
Description clinique
On voit une grande difficulté à lever les bras en l’air, à tourner le cou. Elle
ne peut pas se pencher en avant. La position accroupie est quasiment impossible
(voir vidéo 1).
Vidéo 1
Stimulations magnétique et évolution
On fait une stimulation magnétique transcrânienne centrale large champ de façon classique
et une stimulation périphérique à 4 HZ sur les régions douloureuses et sur les
zones de raideur. Après la stimulation (voir vidéo 2) on constate une
disparition de la raideur. Elle peut mobiliser ses bras vers le haut très
facilement. Elle tourne le cou sans difficulté. Elle peut se plier en avant
jusqu’à toucher le sol avec ses mains et la position accroupie ne pose plus de
problème. Après la stimulation, elle va avoir un état de fatigue qui va
s’aggraver pendant quelques heures pour s’améliorer le lendemain. Dans les jours
qui vont suivre, la douleur va diminuer de façon importante aux alentours de 3
en douleur moyenne quotidienne.
Vidéo 2
Commentaires
Cette patiente présente donc une fibromyalgie avec une raideur particulièrement
intense et qui dure toute la journée. Souvent, dans la fibromyalgie, la raideur
n’existe que le matin. Elle est très gênée dans toutes ses activités
quotidiennes à cause de cette raideur qui est associée à une douleur. La
stimulation périphérique entraîne une amélioration immédiate et très importante
de cette raideur. Elle signale une diminution de la douleur dans les jours qui
suivent. Elle va se sentir moins fatiguée pendant plusieurs semaines. La
constipation va diminuer. Pour le moment il est nécessaire de refaire une séance de
stimulation tous les mois car les symptômes réapparaissent progressivement après
la troisième semaine qui suit la séance de stimulation.
Fibromyalgie dans le cas d'un SED - Patient 8
Dominique Parain MD PhD
Historique
Cette patiente présente une fibromyalgie diffuse depuis quatre ans. Elle a
l’impression d’avoir une carcasse autour d’elle qui rend ses mouvements enraidis
et très difficiles. Cette raideur est surtout présente le matin. Elle a du mal à
se lever de la position assise sur une chaise et à s’accroupir (voir vidéo 1).
Les mains sont très raides et elle lâche souvent les objets. Il existe un
tremblement prédominant sur la main droite (voir vidéo 2). Elle a du mal à
écrire (voir vidéo 3). Il existe également de nombreux éléments cliniques et
anamnestiques en faveur d’un SED.
Vidéo 1
Vidéo 2
Vidéo 3
Mode de stimulation
On fait une stimulation centrale à 1 Hz au seuil moteur (voir vidéo 4). Puis on
fait des stimulations périphériques sur les endroits douloureux, notamment les
hanches (voir vidéo 5), les cuisses, les genoux, les épaules et les omoplates,
la région lombaire et le cou. On stimule particulièrement les mains (voir vidéo
6).
Vidéo 4
Vidéo 5
Vidéo 6
Résultats
Après les différents types de stimulations, on observe que la patiente est
beaucoup plus souple. Elle peut se lever facilement d’une chaise et se mettre
accroupie de façon répétée. Elle écrit beaucoup plus aisément. Elle ouvre et
ferme les mains plus facilement. Le tremblement de la main droite a disparu
(voir vidéo 7).
Vidéo 7
Commentaires
On observe fréquemment, chez les patients fibromyalgiques, une raideur diffuse
en plus des douleurs. Cette raideur entraîne une maladresse. La stimulation
centrale et périphérique peut avoir un effet immédiat important. L’effet de la
stimulation a souvent une durée limitée et je dois stimuler cette patiente tous
les mois et demi pour maintenir une situation clinique satisfaisante. Après
chaque séance de stimulation, l’amélioration immédiate est identique.
Fibromyalgie dans le cas d'un SED - Patient 9
Dominique Parain MD PhD
Historique
Patiente de 35 ans présentant une fibromyalgie depuis 3 ans, Survenue
progressivement dans les suites d’accouchement.
Description clinique
Elle présente des douleurs diffuses avec une douleur moyenne quotidienne à 7.
Elle a du mal à marcher pour aller faire les courses, à s’occuper de son enfant
et à faire les tâches courantes de la vie quotidienne. Il existe une très grande
raideur au niveau des mains, des épaules et du cou (voir vidéo 1). Elle a fait
un déficit sensitivo-moteur gauche brutal 2 mois avant cette consultation
presque complètement régressif, mais il persiste une hypoesthésie gauche et une
trouble moteur plus net au niveau de la jambe et du pied. Elle a du mal à bouger
les orteils et à reconnaître la position du gros orteil (voir vidéos 2 et 3).
Cette patiente a un tableau clinique caractéristique d’un SED hypermobile.
Vidéo 1
Vidéo 2
Vidéo 3
Stimulation magnétique et évolution
Après la stimulation magnétique centrale large champ, il n’y a pas
d’amélioration immédiate significative de la raideur des mains, du cou et du
pied gauche. Après la stimulation périphérique à 3 HZ, au seuil douloureux sur
ces différentes régions, l’amélioration immédiate sur la raideur est très
importante en une seule séance. Apres stimulation plus prolongée sur le pied
gauche, la sensibilité et la motricité du pied va se normaliser (voir vidéo 4).
Vidéo 4
Commentaires
Il est classique d’observer, chez les patients fibromyalgiques, une raideur
matinale, surtout au niveau des mains, des genoux et des hanches. Parfois, cette
raideur peut être permanente et invalidante, avec une difficulté à fermer les
mains (dont les doigts peuvent être gonflés), à lever les bras et touner le cou
comme chez cette patiente. Presque constamment, la stimulation périphérique à 20
HZ, faite au seuil douloureux sur ces régions, améliore la situation. Cette
patiente a fait, par ailleurs, un déficit sensitivo-moteur gauche, 2 mois
auparavant, manifestement fonctionnel (l’imagerie était normale) avec
persistance de quelques symptômes. La stimulation magnétique périphérique a
permis la récupération complète du déficit (ce qui confirme le diagnostic de
trouble neurologique fonctionnel). Il sera nécessaire de refaire régulièrement
tous les 2 ou 3 mois des séances de stimulations pour améliorer la fibromyalgie.
Symptômes Fonctionnels
Multiples - Patient 10
Dominique Parain MD PhD
Historique
Cette patiente de 62 ans a présenté une paralysie du côté gauche d’apparition
brutale, alors qu’elle était tranquillement en train de faire de la couture qui
est sur le lobby préféré. Il faut signaler que depuis deux mois, elle était
préoccupée et qu’elle dormait mal. Elle a alors été hospitalisée et le
diagnostic de paralysie fonctionnelle a été posé au vu de la normalité des
examens. Elle a eu une première séance de stimulation magnétique transcrânienne
large champ au CHU de Rouen avec une bonne efficacité. Je la voie deux mois
après pour une rechute de l’hémiparésie gauche et l’apparition d’une difficulté
à articuler (voir vidéos 1 et 3). Elle présente en outre de multiples symptômes
de SED hypermobile, notamment une hyperlaxité, des extrémités froides et de
fréquentes ecchymoses sous-cutanées.
Vidéo 1
Vidéo 3
Stimulation magnétique et évolution
La stimulation magnétique transcrânienne large champ, à elle seule, a amélioré,
de nouveau, complètement la paralysie gauche (voir vidéo 2)
La stimulation périphérique à 3 Hz, en utilisant la petite bobine ronde sur les
masséters, a amélioré complètement les troubles de l’articulation du langage
(voir vidéo 4).
Vidéo 2
Vidéo 4
Commentaires
Cette patiente a donc présenté deux ordres de troubles neurologiques
fonctionnels, l’un déficitaire à type d’hémiparésie gauche et l’autre positif à
type de contraction excessive des masséters entraînant une dysphonie. Il n’y a
pas eu de facteur déclenchant évident. La stimulation magnétique a pu améliorer
les deux types de symptômes. Actuellement je revois cette patiente tous les
trois mois car après ce délai il y a une tendance à la réapparition des
symptômes.
Déficit Moteur et/ou Sensitif - Patient 11
Dominique Parain MD PhD
Historique
Cette jeune fille de 16 ans présente depuis 6 mois plusieurs accès de paralysie
du pied gauche avec trouble majeur de la sensibilité. Lors du premier accès, la
paralysie est survenue durant le sommeil, durant la nuit qui précédait la
reprise de l’école. Elle ne décrivait pas d’angoisse scolaire particulière et le
bilan psychiatrique est revenu normal. Elle va faire une dizaine d’accès du même
type, dans les mêmes circonstances, résolutifs spontanément en une quinzaine de
jour.
Description clinique
Je vois cette patiente au troisième jour d’un accès. Elle traîne son pied comme
un boulet. Elle ne sait pas exactement où se trouve son pied (voir vidéo 1). A
l’examen clinique, il existe un déficit majeur de la force des muscles de la
jambe et du pied. La sensibilité tactile est conservée de façon modérée jusqu’au
genou mais il y a une abolition totale de la sensibilité algique et surtout
proprioceptive (elle est incapable de savoir si son gros orteil est vers le haut
ou le bas) (voir vidéo 2).
Elle présente aussi plusieurs symptômes de SED hypermobile avec une hyperlaxité
importante.
Vidéo 1
Vidéo 2
Stimulation magnétique et évolution
Après stimulation magnétique transcrânienne, il n’y a aucune amélioration. Seule
la stimulation périphérique à haute intensité et haute fréquence (100% en
intensité et 8 HZ en fréquence) permet de rétablir la sensibilité proprioceptive
(voir vidéo 3). Une fois la sensation proprioceptive rétablie, les stimulations sur
les muscles correspondant vont rétablir la fonction motrice (voir vidéos 3 et 4). La
patiente va pouvoir remarcher sans canne (voir vidéo 5) et récupérer
complètement.
Elle fera 2 autres rechutes, contrôlées immédiatement par la stimulation puis
les symptômes vont complètement disparaître.
Vidéo 3
Vidéo 4
Vidéo 5
Commentaires
J’ai pu observer plusieurs adolescents faire des phénomènes de paralysie au
retour de vacances sans angoisse scolaire vraiment identifiée. Le facteur
déclenchant est donc modéré, traduisant une véritable fragilité de la
connectivité cérébrale. Une fois que le processus a été initié, il peut se
répéter. Cette observation montre de façon très claire la puissance de la
stimulation magnétique périphérique pour réactiver certaines fonctions
cérébrales. Ici, ce type de stimulation est le plus efficace pour rétablir la
sensibilité en créant des courants en profondeur qui vont stimuler les filets
sensitifs profonds et réactiver les circuits de la sensibilité au niveau central. L’origine du trouble est, ici, manifestement de type dissociatif. Cette méthode
de traitement nous apprend également, et c’est pareil chez tous les patients qui
ont des troubles majeurs de la sensibilité, qu’il faut d’abord chercher à
rétablir la sensibilité, surtout proprioceptive, avant de pouvoir améliorer la
motricité. Seule la stimulation de la zone anesthésiée est efficace,
contrairement à la stimulation des muscles correspondants. Les paralysies ne
vont pas récidiver mai elle fera par la suite quelques crise non épileptiques.
Déficit Moteur et/ou Sensitif - Patient 12
Dominique Parain MD PhD
Historique
Cette patiente a présenté il y a 2 mois une fracture multiple du tibia droit qui
a nécessité une prise en charge chirurgicale. Lors de la rééducation, il a été
mis en évidence un déficit sensitif de la jambe droite associé à un déficit de
la force musculaire de la racine du membre (abducteurs, adducteurs, fessiers et
psoas), inexpliqué (électromyogramme normal) et empêchant la rééducation
motrice.
Description clinique
Lors de la consultation, elle marchait avec des cannes, car tout appui sur le
pied droit était interdit à cause de la fracture. Tout mouvement de la racine du
membre, abduction, adduction, antépulsion, rétropulsion était impossible et ne
se faisant que par l’intermédiaire d’un mouvement du bassin (voir vidéo 1). On
note plusieurs symptômes chez cette patiente permettant de poser le diagnostic
de SED.
Vidéo 1
Stimulation magnétique et évolution
Après la séance de stimulation magnétique large champ et périphérique, il y a eu
une récupération complète sensitivo-motrice. La patiente peut à nouveau
mobiliser normalement la racine du membre inférieur droit (voir vidéo 2). Il n’y
aura pas de récidive.
Vidéo 2
Commentaires
Cette histoire est caractéristique des paralysies fonctionnelles après un
traumatisme. Le déficit apparaît dans ou autour du même territoire que le
traumatisme. Il s’agit donc en quelque sorte d’une paralysie réflexe, le
traumatisme entraînant un trouble de la connectivité dans les réseaux cérébraux
correspondant, avec en retour un déficit neurologique autour de la zone
corporelle traumatisée. Cette histoire est par ailleurs, presque identique point
par point à celle décrite par Oliver SACKS, grand neurologue américain, qui,
dans son livre « sur une jambe », racontait une expérience personnelle
similaire. Il évoquait clairement un dysfonctionnement neuronal intracérébral à
l’origine du trouble et non un phénomène purement psychologique.